ISBN : 9-791096-195084

Parution : 13 Mars 2020

Format : 112 pages • 10 x 17

Fiche Presse/Librairie (PDF)
Ils en parlent : CQFD
Le monde diplomatique
Rue 89 - Nouvel Obs'
Revue politique

Te plains pas, c’est pas l’usine

L’exploitation en milieu associatif
Lily Zalzett, Stella Fihn

Le secteur associatif emploie en France 1,8 million de personnes, et il a bonne presse. Quand on travaille dans une association, on est censé y trouver du sens, on est censé être en adéquation avec des valeurs et non avec une logique de profit. Faire corps avec son boulot : une chance inestimable ?

À rebours de cette image, ce livre rend compte de modalités d’exploitation insidieuses, dissimulées derrière l’idéologie du civisme et de l’engagement associatif : rapports hiérarchiques brutaux, chantage à la responsabilité, injonction permanente à ne pas compter ses heures, utilisation sans mesure du bénévolat et des services civiques.

« Mais te plains pas, tu pourrais bosser à l’usine ! »

7,00

Rupture de stock

 

Extraits :

« Ce matin, je suis arrivée en retard. À 9h30. Tout le monde était devant l’asso, à boire des cafés, à fumer des clopes. Personne ne m’a fait de remarques. C’est cool, quand même, je fais un peu comme je veux. Après, j’ai ouvert mes mails. J’ai eu l’impression de subir une avalanche angoissante de choses à faire, de délais à tenir. Je ne peux pas tout faire. Et puis tout est urgent. Si je ne finis pas ce dossier, alors il va manquer à l’association de quoi prolonger un contrat. Et donc ma collègue qui est en CDD devra partir. Et donc j’aurai encore plus de boulot. Mais, ce dossier-là, c’est juste un dossier, celui d’une agence régionale. Et à côté de ça il faut en faire trois autres. Et je ne peux pas hurler ma colère de voir tout ça arriver en même temps sur une seule personne, parce que ce sont quatre interlocuteurs différents, une fondation, deux services territoriaux, une préfecture. Je me sens bloquée. Je peux remplir ces dossiers comme je veux, ou décider que c’est trop, que je ne le ferai pas ; mais l’enjeu de survie de l’association est trop fort. Je fais mes dossiers. Je lutte contrela fatigue. Je regarde l’heure. Il est 21 heures. J’ai mangé devant mon ordinateur. Je suis arrivée en retard ce matin. Je fais ce que je veux. J’ai travaillé onze heures aujourd’hui. »

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« Je ne sais pas pour quelle association je travaille. Le matin, je vais faire des ménages dans une maison de retraite. Je suis salariée par une association de service à la personne. Le midi, je fais une garderie dans une école. Je suis salariée par une association d’éducation populaire. L’après-midi, je fais le ménage pour une société privée. Le soir, après, je fais la garderie pour une autre association d’éducation populaire, mais dans la même école, mais ce n’est pas le même employeur parce que ce n’est pas le même marché public, le soir, alors, je rentre chez moi. Je m’occupe de mes gamins. Je fais le ménage. »

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