Serhildan ! — « rébellion ! » en kurde, et cri de ralliement du mouvement

Avant-propos au livre par le collectif Ne var ne yok.


Serhildan ! — « rébellion ! » en kurde, et cri de ralliement du mouvement — est à  l’image de ce désir d’émancipation collective sur tous les aspects de la vie : de la liberté des femmes à la critique de la religion, de l’éducation « philosophique et critique » des enfants à la production économique en coopérative, de la liberté d’orientation sexuelle à la vie en harmonie avec la nature, du refus du capitalisme à celui de l’État-nation… Aussi, ce n’est pas en tant qu’« expert.e.s », « journalistes » ou « universitaires » que nous proposons cet ouvrage, mais bien en tant que collectif engagé dans les mêmes questionnements que ceux du mouvement kurde.

L’objectif de ce recueil de textes est de partager le peu d’informations existantes en français en laissant la parole directement à celles et ceux qui vivent et luttent là-bas. Et ainsi faire résonner leur voix passées sous silence, ici en France et en Europe. Les États occidentaux, en effet, continuent d’instrumentaliser les combattant.e.s kurdes qui se battent contre l’État Islamique au Rojava — le Kurdistan de Syrie. Dans le même temps, ils ont délibérément choisi de donner les Kurdes de Turquie en pâture à l’islamonationaliste Erdoğan, grand allié de l’OTAN. En juillet 2015, celui-ci a décidé, sous prétexte de la fameuse « guerre au terrorisme », de relancer la « sale guerre », cette guerre coloniale que le pouvoir turc fait aux Kurdes depuis des décennies : villes assiégées et détruites à coups d’obus, tortures et arrestations de masses, assassinats de centaines de civil.e.s…

Ce livre ne prétend ni être exhaustif ni apporter une analyse complète du mouvement kurde d’aujourd’hui et de sa sanglante répression par l’État turc. Bien évidemment, nous ne sommes pas nécessairement d’accord avec la totalité des propos tenus dans ces entretiens, souvent marqués par des restes de culte de la personnalité. Pour  autant, on l’espère, ces témoignages seront non seulement l’occasion de se faire une idée plus précise de la situation — du printemps 2015 au printemps 2016 — au Kurdistan de Turquie, de susciter curiosité et envie d’en savoir davantage, mais aussi d’apporter une solidarité concrète depuis l’Europe.

Le collectif Ne var ne yok